Le Père Christian Delorme, homme de dialogue irréprochable, a tout de suite souligné que « la date du 26 juillet n'a sans doute pas été choisie au hasard. En perpétrant leurs attaques, les groupes terroristes recherchent un écho médiatique. Attaquer une église aujourd'hui, en parallèle des JMJ, c'est avoir la certitude de toucher un large public ». Et d’ajouter : « L'ampleur est beaucoup plus importante que si cela avait été commis un autre jour ».
Les discours ne manqueront pas pour chercher les coupables. Pas seulement ceux qui ont commis les attentats mais ceux, qui par leur incapacité à gérer l’Etat, les auraient de fait permis. Au niveau de la surenchère, nous allons atteindre des sommets et à ce jeu-là, la peur s’installe. Les musulmans de France, c’est-à-dire ceux qui vivent en France et ne demandent qu’à vivre en paix, sont aujourd’hui telle une majorité silencieuse. Je crois et suis sûr que beaucoup souffrent en silence.
Je viens d’entendre un prêtre, présent aux Journées Mondiales de la Jeunesse, rappeler qu’il ne faut jamais oublier que la majorité des victimes de l’EI sont des musulmans. Evidemment, dire les choses ainsi n’enlèvera rien à la souffrance des proches des victimes de Paris, Nice, Rouen qui étaient de tous les horizons, croyants ou pas. Et cela n’empêche d’ailleurs pas beaucoup de gens de penser, et c’est leur droit, que les religions n’apportent pas la paix mais la guerre.
Mais sur ce dernier constat, le rassemblement des Journées Mondiales de la Jeunesse, apporte un démenti flagrant. Les jeunes de toutes les nations sont rassemblés à Cracovie pour célébrer la joie, l’amour et la paix. Tout comme Mohamed Karabila, le président du Conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie, en charge de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray, qui s’est dit effaré par le décès de son ami, le prêtre Jacques Hamel. Les nouvelles vont vite et on apprend ainsi que le prêtre et l’imam s’étaient retrouvés à plusieurs reprises lors d’interventions publiques dans des salles de fêtes. Qu’ils faisaient par ailleurs partie d’un comité interconfessionnel depuis 18 mois, où ils discutaient de religion et de savoir-vivre ensemble.
La mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray a été inaugurée en 2000 sur une parcelle de terrain offerte par la paroisse catholique de la ville. C’est un signe que le terrible méfait du jour ne devra jamais effacer. En mémoire du Père Jacques Hamel.
Denis Vinckier, Président des Semaines sociales Nord-Pas-de-Calais