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31/12/2015

Sur les traces de Léon Harmel…au Val des Bois (Marne)

WP_20151114_12_56_29_Pro.jpgLe 14 novembre dernier à Reims s’est tenue la journée du centenaire de la mort de Léon Harmel, en présence de 850 personnes dont 600 membres de sa famille et 24 délégués de mouvements et d’associations avec un lien de parenté spirituelle. Les Semaines Sociales de France étaient représentées par les responsables des Antennes de Reims et du Nord-Pas-de-Calais. La dernière célébration datait de 1929 avec le centenaire de la naissance de celui dont Patrice Harmel a pu, d’entrée de jeu, dire qu’il avait à la fois une confiance en Dieu, en l’homme et mis toute son énergie à bâtir une société plus fraternelle, plus juste et plus belle. Parce qu’il a marqué son temps et qu’il laisse de nombreux fruits, la journée avait vocation à les reprendre pour les mettre en perspective.

L’encyclique de Léon XIII comme récompense des pèlerinages ouvriers

WP_20151114_15_24_28_Pro.jpgC’est Aymeric Saucourt-Harmel, de Science-Po, qui a travaillé sur son aïeul, et s’est donc attaché le premier à valoriser les fruits de l’action de celui dont la source constante fut la prière et qui fut frappé par le décès de son épouse Gabrielle. La doctrine sociale de l’église fut incontestablement pour Léon Harmel un long chemin de mise en pratique. En 1885, il emmène d’abord 120 patrons à Rome puis 2000 ouvriers en 1887. Et 10.000 en 1889 où l’on voit les Cardinaux servir à table les ouvriers. Pour l’intervenant, l’encyclique du 15 mai 1891 Rerum Novarum est la véritable récompense des voyages ouvriers. Avec l’Abbé Dehon, des semaines de formation sont lancées avec Marius Gonin, l’Abbé Jules Lemire, Marc Sangnier, dans la foulée des Semaines du Val. Cette action de formation perdure avec les Semaines sociales de France, fondées en 1904 par Marius Gonin et Adéodat Boissard et présidées par Henri Lorin.

La mise en œuvre de la subsidiarité

WP_20151114_15_22_31_Pro.jpgLa grande réussite de Léon Harmel est d’avoir associé totalement les ouvriers aux œuvres. Il souhaite préparer des hommes libres avec la mise en œuvre des conseils d’usine sur la base du principe vécu de la subsidiarité. C’est l’époque où des patrons se regroupent et l’association des patrons chrétiens du Nord créée en 1874 se recommande de Léon Harmel. C’est l’époque d’un syndicalisme ouvrier chrétien avec le premier congrès ouvrier régional à Reims en 1893. En 1896, Léon Harmel est président du 1er parti de la démocratie-chrétienne. Après cette approche, Jean-François Boulanger, agrégé d’Histoire et doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Reims Champagne Ardennes, a souhaité montré l’originalité de Léon Harmel dans le monde des catholiques sociaux et comme il les appelle des expérimentateurs sociaux.

Fondateur d’une utopie chrétienne

WP_20151114_15_34_17_Pro.jpgAutour des années 1840, la question sociale apparait avec le paupérisme qui touche l’habitat et fait apparaitre des questions nouvelles en termes de déracinement, de délitement des liens et du recul de la pratique religieuse. Les théoriciens du catholicisme social n’étaient pas tous membres de la bourgeoisie économique. Léon Harmel fait donc partie d’une minorité qui intègre le catholicisme social. Albert de Mun évoque la simplicité rustique de Léon Harmel. Ce dernier apparait donc comme le fondateur d’une utopie chrétienne : le Val des Bois. Pour l’historien, le socialisme et le catholicisme social ont des points communs et Léon Harmel va ancrer une réalité dans une bourgade à échelle humaine. L’objectif est clair de vouloir créer une élite ouvrière par l’éducation.

Que retenir de Léon Harmel ? En 1895, il se lance dans une campagne…sans être candidat. Il dit être candidat pour Jésus. Il voulait supprimer la faim mais surtout le mépris. Pour l’aider dans cette tâche redoutable, il a trouvé l’oreille attentive du Cardinal Langénieux. Ensemble, avec La Tour du Pin et Albert de Mun, face au faible écho rencontré par l’encyclique dans les diocèses en France, ils vont faire des tournées. Rerum Novarum encourage un syndicalisme exclusivement ouvrier, ce qui provoque de véritables conflits avec les syndicats de patrons. Après le congrès de Mouvaux en 1893/1894 où eurent lieu des échanges très vifs, un texte de compromis devait permettre de poursuivre selon les deux voies : syndicats mixtes, syndicats ouvriers. Avec l’invitation au ralliement des catholiques à la République en 1892, Léon XIII sait qu’il peut compter sur Léon Harmel qui soutient clairement la République.

Denis Vinckier

Pour aller plus loin :

La BD de Léon Harmel, éditions du Triomphe

Documentaire la dignité des hommes : Léon Harmel et l'usine du Val des Bois

Léon Harmel et l’usine chrétienne du Val des Bois (1840-1914) – fécondité d’une expérience sociale par Pierre Trimouille (Centre d’Histoire du Catholicisme de Lyon 1974)

Léon Harmel (1) et Jules Lemire (2) aux Semaines du Val

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Marc Sangnier (10) et Marius Gonin (3) participent à ces Semaines du Val avant la création des Semaines sociales de France

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