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09/01/2015

Pourquoi « Je suis Charlie »

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Ce n’est pas facile d’avoir depuis mercredi une vie normale. Nous sommes tous suspendus à la fois à l’horreur des crimes sans nom perpétrés mercredi à l’encontre d’un organe de presse et au dénouement d’une cavale dont nous voudrions tous qu’elle se termine maintenant très vite.

J’ai voulu comprendre pourquoi dans un premier et long temps, pourquoi je n’avais rien à dire, pourquoi je n’arrivais à ne rien dire, au-delà de la plus grande incompréhension et du dégoût ressenti. J’ai fini par comprendre que j’avais été touché deux fois par cet acte odieux.

Il a d’abord fait extrêmement mal à l’idée que je me fais de la République, de ce sens du vivre ensemble où par-delà toutes les pensées et les croyances, on regarde l’avenir ensemble. Ce qui compte dans la République, c’est le sens et le bien commun. Ce sens et ce bien commun, incarnés par la liberté de la presse mais par la liberté tout court, ont pris un sacré coup. J’ai saigné de ce mal profond là sans pouvoir vraiment parler.

Il a ensuite fait extrêmement mal à l’idée que je me fais de la Religion, de ce sens du re-liés ensemble où par-delà toutes les différences et les parcours, on regarde le ciel et la terre ensemble. Ce qui compte dans la Religion, c’est la foi et le bien de l’homme. Cette foi et ce bien de l’homme, incarnés par la liberté de croire ou non et encadrés par une laïcité à la française, ont pris un sacré coup. J’ai saigné de ce mal profond là sans pouvoir vraiment parler.

Et au moment où je commence à mettre des mots sur le mal que je ressens, je vois et je ressens d’un autre mal des gesticulations qui n’ont pas lieu d’être, des propos qui ne devraient jamais être tenus, des propositions qui ne devraient pas être faites.

Je lis tous les journaux parce que j’aime le pluralisme. C’est cette liberté de la presse qui donne non seulement un sens à la France mais au-delà à une certaine manière de penser la France. Une société humaniste sait rire et sourire a dit hier soir Patrick Pelloux, inconsolable d’avoir perdu un ami, un camarade, un frère. C’est pour cela que « je suis Charlie », parce que je sais rire et sourire, parce que je saigne doublement, du mal d’abord fait à la République puis du mal fait à la Religion. Et parce que j’espère.

On ne fera jamais mal à une religion avec un dessin. Ceux qui ont par contre dessiné à la mitraillette le mal sur les murs de Charlie hebdo ne savent pas à quel point ils ont fait souffrir nombre de croyants et nombre de musulmans auxquels je pense sincèrement. Mais ceux-là même, parce qu’ils sont tous des citoyens avant tout, devront écrire ensemble une nouvelle page de l’histoire de France. C’est aussi pour cela que « je suis Charlie ». Parce que je crois que l’avenir du vivre ensemble s’écrit avec les trois lettres de la République : le L de la Liberté, le E de l’Egalité et le F de la Fraternité.

Denis Vinckier

Président des Semaines sociales Nord-Pas-de-Calais

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Commentaires

Merci à Denis pour cette expression dans laquelle je me retrouve complètement.
J'ai moi même était atterré et silencieux en découvrant ce massacre!
Je n'ai su que pleurer!
Il m'a fallu du temps pour commencer à partager avec mon entourage ce ressenti de souffrance tant par rapport aux valeurs de la République Française que par rapport au sens profond de la Religion.

Merci encore à Denis pour l'avoir si bien exprimé,
Stéphane.

Écrit par : VAN DEN BULKE | 14/01/2015

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