20/02/2015
La loi de 1905 nous protège et nous engage
Tribune de Denis Vinckier, Président des Semaines sociales Nord-Pas-de-Calais,
parue dans la Croix du Nord le 20 février 2015
Le sujet des religions dans l’espace public est à prendre avec précaution. Depuis la tragédie de début 2015, les précautions doivent être d’autant plus importantes que les amalgames se font trop vite. La question posée aujourd’hui n’est pas tant celle de l’Islam que celle de la République, et notamment sa capacité à continuer à prendre en compte les cultures et les religions, qui restent pour reprendre le thème de la session 2015 des Semaines sociales de France, des ressources pour imaginer le monde (UNESCO, 2, 3 et 4 octobre 2015).
Certains veulent aujourd’hui repenser la place des religions dans la République. « Si l’on veut éviter la guerre civile, il faut que la République se donne les moyens de conclure un contrat avec l’islam. Nous devons réfléchir à un nouveau concordat (fixant droits et devoirs) incluant toutes les religions » écrivait G.Darmanin le 14 janvier dans Libération. Cette déclaration pose question, à commencer par celle de la mise en œuvre de la loi de 1905, jamais citée.
En 2007, dans le cadre d’un colloque intitulé Auteurs et Acteurs de la séparation des Eglises et de l’Etat, Catherine Masson avait rappelé la position embarrassée mais cohérente et prophétique de l’Abbé Lemire, député d’Hazebrouck. Dès 1877, pour lui, la séparation est la condition d’un réveil apostolique. En 1889, il se dit convaincu qu’elle libérera l’Eglise prisonnière des chaines concordataires. Le 19 avril 1905, il se confie au Père Vanhaecke : « Nous allons à la séparation et dans l’intime de mon âme, je n’ose pas m’en effrayer. Il me semble que Dieu veut rapprocher l’Eglise et le Peuple et, humainement parlant, il n’y a pas d’autre moyen d’y arriver ».
Dans la parution récente du N°82 des Archives de l’Eglise de France consacré à l’Eglise concordataire (1801-1905), Jacques-Olivier Boudon, Professeur à la Sorbonne, rappelle l’histoire des négociations entre Bonaparte et le Pape Pie VII. Un accord entre deux Etats, ayant abouti à l’été 1801 à un texte de 17 articles réglant les conditions d’existence de l’Eglise de France avec le préambule rappelant que « le catholicisme est la religion de la grande majorité des citoyens ». Il a cependant fallu épurer l’assemblée législative et adosser des articles traitant notamment des cultes reconnus pour que la loi soit adoptée le 8 avril 1802. L’organisation napoléonienne a mis en place, par la force, une reconnaissance des religions, un contrôle et la désignation de leurs responsables et une rémunération de leurs ministres.
La loi de 1905 a renversé ces principes. Claire Willig, du bureau des cultes du Ministère de l’Intérieur, l’a souligné le 23 octobre 2014 devant la Conférence des Evêques de France. L’article 2 de la loi de 1905 indique que « La République ne reconnait, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ». Nous serions en peine si cette loi était dépassée et inapplicable. Après Jean-Marie Mayeur dans son ouvrage de référence de 1966 réédité depuis, Philippe Gaudin (auteur de Vers une laïcité d’intelligence ?) intervenant le 6 février 2015 au Haumont le dit autrement : « Nous sommes loin de la guerre des deux France, notre pays est certainement le plus sécularisé au monde et il y a de nouvelles identités religieuses dont l’Islam ». Dans le cadre de cette même soirée, à côté de membres de Coexister et du Faithbook Tour, Pierre Dharréville (auteur de La Laïcité n’est pas ce que vous croyez et membre du PCF) insiste sur le fait qu’elle n’est en rien l’éradication des religions ni la relégation de leurs expressions dans l’espace privé.
Mais « La République ne reconnait pas les religions mais ne peut pas faire autrement de les connaitre tous » dit encore Claire Willig. Et de rappeler que les cultes sont des interlocuteurs naturels des pouvoirs publics. L’article 10 de la loi de 1905 souligne que l’Etat protège la liberté de religion et l’encadre dans les limites du respect de l’ordre public. Le dialogue est concret et coopératif. Des instances de dialogue existent, en avril 2011 ont été mises en place les conférences départementales de la laïcité et de libre exercice du culte. Il existe par ailleurs une conférence des responsables des cultes en France (CRCF).
Fort de cette histoire, un nouveau concordat est un contresens. Après Bonaparte, l’histoire a fait son œuvre. Des catholiques ont réclamé des Eglises libres dans un Etat libre. Après les textes très durs de laïcisation des années 1880, la République s’est montrée plus modérée avec l’esprit nouveau proclamé par le Ministre Spuller suite à l’annonce du pape Léon XIII de se rallier à la volonté du peuple clairement exprimée, soit la République. Nous devons toujours nous en souvenir. Avec la loi de 1905, nous avons échappé à l’éradication. Mais bien plus que cela, la loi de 1905 nous protège et nous engage. Le 25 mars à 20h (Salle des Actes de l’Université Catholique), nous ferons la place à des expressions sous une pancarte unique : Etre Ensemble en République ! Si quelque chose a mûri en nous depuis le 11 janvier, c’est une irrésistible envie de travailler la pensée sociale dans l’interreligieux.
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04/02/2015
3 initiatives pour entrer dans le dialogue interreligieux
Un colloque intitulé "Les religions au secours de la République ? Partager nos expériences pour vivre ensemble" les 6 et 7 février au Centre Spirituel du Hautmont.
Un site de références bibliques, dans leurs configurations historiques: www.referen-ciel.com
Enfin la session 2015 des Semaines sociales de France qui aura lieu les 2, 3 et 4 octobre 2015 à Paris, à l'Unesco, sur le thème : Religions et cultures, ressources pour imaginer le monde. Attention, cette session aura lieu 7 semaines avant la date habituelle des session nationales. Réservez votre week-end dès maintenant !
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Une journée Diligent qui affiche complet
Vendredi au Musée de la Résistance de Bondues, salle Maurice Schumann.
André Diligent : L’esprit de résistance
9h00: Accueil par Patrick Delebarre, Maire de Bondues, Conseiller Communautaire.
9h15 : Ouverture de la journée par Etienne Dejonghe, Professeur d’Université, modérateur de la matinée.
La résistance démocrate-chrétienne
9h30 : La résistance démocrate-chrétienne par Bruno Béthouart, universitaire et Président des Amis d’André Diligent.
10h15: La figure de Jean Catrice par son fils Jean Catrice.
10h45: Pause
11h: La figure d’Emile Coliche par son fils André Coliche. Lire aussi
11h30 : Exposé d’Odile Louage, agrégée d’histoire, suivi à 12h30 d’une cérémonie en hommage aux Fusillés dans la Cour Sacrée.
André Diligent : Avocat des causes désespérées.
14h00 : Introduction par Henri Dudzinski, journaliste à la Voix du Nord, Consul Honoraire de Pologne, modérateur de l’après-midi.
14h15 : André Diligent et la presse clandestine- par Roger Vicot, ancien journaliste, Maire de Lomme, Vice-Président du Conseil Général du Nord et Frédéric Lépinay, ancien journaliste, auteur/éditeur.
15h00 : Pierre Hachin, un cheminot sans importance par Jacqueline Duhem, agrégée d’histoire.
15h30 : pause
15h45: et bien d’autres affaires… par Maîtres Lécluse (en photo ici à la Piscine en 2014 - Photo Médiathèque de Roubaix) et Descamps, anciens collaborateurs d’André Diligent.
16h30 : Synthèse de la journée par Jean-Marc Guislin, Professeur à Lille 3, qui rendra hommage au Professeur Yves-Marie Hilaire décédé récemment.
10:28 Publié dans Conférences, Enjeux de société, Enseignement social de l'Eglise, Journées d'études, Livre, Personnalités, Presse, Prospective, Réflexions, Rencontre, Science | Lien permanent | Commentaires (0)