ÉLOGE ACADÉMIQUE DE PAUL CHRISTOPHE par MICHEL HUBAUT
04/10/2016
Né à Sars-Poteries le 10 décembre 1932, Paul CHRISTOPHE entre au Séminaire universitaire des Facultés Catholiques de Lille et suit une formation en philosophie et en théologie (1951-1959). Ordonné prêtre pour le diocèse de Cambrai en 1959, il poursuit ses études en histoire et géographie (1958-1961), puis entreprend une dissertation doctorale en théologie sous la direction de Philippe DELHAYE. Cette thèse sera publiée en 1964 sous le titre « Les devoirs moraux des riches. L’usage du droit de propriété dans l’Écriture et la tradition patristique ».
D’abord professeur d’histoire générale au Collège Saint-Michel de Solesmes, Paul CHRISTOPHE enseigne l’histoire de l’Église aux Séminaires de Cambrai puis de Lille, au Séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux, et à l’Institut Pastoral d’Études Religieuses. En 1983, il est nommé chargé de cours à la Faculté de théologie où il devient professeur titulaire en 1992. Il est admis à l’éméritat en 2002.
Ayant été confirmé dans sa vocation d’historien par les enseignements d’Henri PLATELLE, Paul CHRISTOPHE restera toute sa vie un chercheur passionné par la recherche de la vérité et par la joie de la découverte, un travailleur infatigable attaché à la valeur de l’écrit, un homme discret et réservé dont les publications révèlent la véritable personnalité.
Directeur de la Collection « Bibliothèque d’histoire du christianisme » aux Éditions Desclée, de la Collection « Petits Cerf-Histoire » aux Éditions du Cerf, Paul CHRISTOPHE écrira de nombreux articles dans l’encyclopédie « Catholicisme » et publiera une cinquantaine de volumes.
Rappelons en premier lieu « Les Carnets du cardinal Alfred BAUDRILLART » parus en 9 volumes, et que couronne en 2004 le Prix Monseigneur Marcel décerné par l’Académie Française. Douze ans de travail pour l’édition en 10.000 pages des notes que rédigeait chaque soir, de 1914 à 1942, le Recteur de l’Institut Catholique de Paris, témoin et acteur de la vie ecclésiale, des événements nationaux et internationaux.
La bibliographie complète de Paul CHRISTOPHE montre la diversité des questions qui l’intéressent : l’action des papes (« Le Syllabus de Pie IX » ou « Benoît XVI. Un pontificat contrasté »), les conciles œcuméniques (« Le Concile Vatican I »), les modalités de « L’élection des évêques », les questions et les actions des prêtres dans « Les révolutions de 1789, 1830 et 1848 » ou dans les guerres de 1914 et 1940. Sans oublier l’expérience personnelle dont notre collègue témoigne dans son « Journal d’Algérie ».
Au-delà des apparences d’une histoire ecclésiastique assez classique apparaît le véritable centre d’intérêt de Paul : l'Évangile, dont l’expérience et l’annonce ne sont réservées ni à une élite ni à un clergé mais à chaque fidèle appelé à témoigner par la « Beauté des gestes du chrétien » dans la liturgie, par la prière (« Chemins de prière pour le temps de Noël » ou de « … Pâques », par la fidélité dans l’épreuve (« Souffrance dans l’Église au XXe siècle »), par la présence au monde (« L’Église dans l’histoire des hommes » ou « 1936. Les Catholiques et le Front populaire »), par la pauvreté et l’attention aux questions sociales (« Les pauvres et la pauvreté » ou encore « Grandes figures sociales du XIXe siècle »).
Pour conclure, redonnons la parole à Paul, tel qu’il s’exprimait dans Nord Éclair le 23 avril 1986 : « Ce n’est pas une Église désincarnée que j’évoque, mais une Église située dans son temps, dans son époque. Une Église pleinement humaine, qui relève elle aussi du mystère de l’incarnation… Sur un long temps, ce qui me frappe c’est une prise de conscience, l’éveil progressif de l’idée que l’Église doit être avec les pauvres… Et puis, l’engagement des laïcs, ces 220.000 catéchistes en France, c’est du jamais vu. Globalement, il me semble que l’on respire beaucoup plus librement en chrétien dans l’Église qu’avant ».
Église Saint Pierre-Saint Paul, Sars-Poteries, le 3 octobre 2016
Les commentaires sont fermés.